Alors qu'une brise soulève les vertes jupes des végétaux au loin, une encre opaque recouvre peu à peu le ciel. Nuit parfaite et sans lune, idéale pour les amoureux de cette pénombre qui montreront peut être la leur à leur promis de cet instant. Il fait bon, le silence s'installe en tant qu'occupant légitime des lieux. Les grillages , garde fou dans ce monde qui ne l'est pas moins, oscillent doucement au souffle de ce vent qui ne gagne pas en puissance. Une belle soirée.
« Un beau soir pour chasser »
Cette voix, presque inaudible, transpirait l'assurance. Cette personne n'était pas sur le sommet du bâtiment du lycée pour se cacher. Ce ton, aux accents prononcés, subtil mélange de vies diverses, d'une douceur féminine et d'une tristesse égale à celle-ci, avait fendu le calme ambiant sans pour autant l'ébranler.
Craquement d'une allumette. Souffre contre bois. Flamme. Espoir destiné à alimenter un cancer. Mais c'est bon. Clope sur gerçures, papier sur crevasses de chair. Brève lumière éclairant deux iris noirs où transparaissent aucune émotion.
Misaël se tenait là, contre le grillage. Il était en chasse. Une taupe parmi les élèves avait averti le gringalet de surveillant que quelque chose se tramait à cet endroit. Si elle mentait, Misaël l'enverrait chez les scientifiques. Une taupe incapable de servir devait être mise en dehors de la circulation.
Solyme, son Eeluts capucin, furetait dans les recoins. Tout était calme. Il ne se passera rien ce soir.
Soudain, un hurlement se fît entendre à l'autre bout du toit, et Misaël vit une forme courir vers lui. D'une course boiteuse.