Les couloirs d'habitude si surchargés de monde étaient aujourd'hui vides et silencieux. Leurs pas, communs, doubles, résonnaient entre les murs dans un rythme régulier, au fil d'une même respiration, d'un souffle mutuel. Leurs yeux, balayés par les mèches blondes, ne se concentraient pas sur quelque chose en particulier, et leur attitude détendue ne laissait pas trahir le combat qui les opposeraient pourtant dans quelques minutes à un duelliste. Ils avaient entendus dire que leur adversaire était un type de leur âge, très coriace, et considéré comme populaire dans le cadre de la simulation. Il semblait avoir un don assez intéressant que Kedric avaient tout intérêt à découvrir. Les garçons étaient pressés, mais rien dans leurs faits et gestes ne l'indiquaient.

(…)

Lorsqu'ils poussèrent la porte, une femme les accueilli d'un léger sourire, que, par automatisme face au comportement humain, ils imitèrent. On les intima de se rendre dans une sorte de cabine dans laquelle, avec des gestes précautionneux, ils se déshabillèrent. L'un des deux se retourna, sentant un regard se poser sur eux, et écouta, sans réagir, une excuse fuser d'entre les lèvres de l'infirmière, qui alla se placer derrière l'écran de protection. Les vêtements tombèrent au sol dans des bruits étouffés, puis, un boxer sombre les revêtant dans un contraste à leur peau laiteuse, ils allèrent se placer devant les tables de scanner. La femme vint les aider à s'allonger, puis s'écarta, sans même que le contact de ses doigts sur leur peau n'ait laissé le moindre souvenir à Kedric. Ils ont fermés leurs yeux, et dans une immobilité commune, dans l'absence visuelle l'un de l'autre, ils se détendent, tandis que les électrodes viennent perforer la surface des premiers dermes, sans douleur, dans une accroche quasi magnétique à leur corps.

(…)

Le vent vint effleurer leur visage, dans une caresse douce. Ils ouvrirent leurs yeux, se dévisageant, puis embrassant des yeux le paysage. Ce dernier, désertique, annonçait un combat dans lequel il ne faudrait pas compter sur le relief pour espérer se cacher ou ruser. Ce serait un combat qui primerait sur l'endurance, songea Kedric.
Il ne fallut que deux secondes pour que les jumeaux posent leur regard sur le garçon. Contrairement à lui, ils portaient un simple slim noir, qui dessinnaient les muscles de leurs jambes respectives. À moitié nu, pour affronter la haleur, et pour pouvoir plus facilement se transformer. Ils ne bougèrent pas d'un poil, mais leur cerveau activé dans un processus d'analyse, l'un de deux se préparait à changer de forme, à évoluer son métabolisme.

« Hey. »

Ils ont indiqués leur présence. Et c'est tout ce qui compte. L'éclair négatif, noir, jaillit du corps de l'un d'eux quand il se transforme. Kedric plonge, récupère dans ses mains l'énorme gourdin hérissé de piques dont son frère vient de prendre la forme, et en moins de 1,8 secondes, l'abat de toutes ses forces à l'endroit précis où se tenant le garçon blond. Ce dernier a esquivé l'attaque, et Kedric se relève lentement, maniant l'arme comme si elle n'avait rien pesé. Une lueur moqueuse enflammant ses yeux, il tend le doigt vers l'autre, dans une mimique de pistolet, et murmure, mutin :

« Pan. T'es mort. »