La femme regarde tristement le petit bébé qui gigote dans ses bras. Petite Holly… Si on ne te sauve pas, tu seras… Tuée… Un cri de guerre retentit. La femme sursaute. Son fils arrive, l’air à la fois sûr de lui et effrayé. Il prend l’enfant des bras de sa mère et s’enfuit. La femme le regarde s’éloigner. Elle lui fait confiance. Ferme les yeux. Son souffle diminue. Elle caresse la tête de l’homme allongé à ses côtés. Mort. Sans un mot, la femme tombe. […]

L’enfant court. Il ne faut pas que les hommes trouvent sa petite sœur. Holly… L’enfant sent son cœur se serrer. Dès le berceau, elle l’avait émerveillé. Joyeuse, pleine de vie, elle redonnait le sourire à tous. Ils avaient vécu dix merveilleux mois tous ensemble. Mais le trafic de drogue de papa avait fini par tout faire rater. Il n’avait pas voulut se retirer de ce commerce florissant et voilà où ils en étaient désormais.
Heureusement, le petit chien a entendu le bruit des hommes. C’est qu’ils n’étaient pas très discrets. Maman les a forcés à descendre dans une petite cavité secrète. Les méchants n’y ont vu que du feu. Lui, il est sorti un peu après, quand il n’a plus entendu de bruit. Les hommes partaient, l’air content. Pas lui… […]

Le petit garçon est fatigué. Mais il court toujours. […]

L’enfant s’effondre. Il ne peut plus continuer… Holly… Elle doit être sauvée… […]

La jeune fille entend un gémissement. Un bébé ! Abandonné dans la plaine ! Elle court. Prend doucement le poupon dans ses bras. Qu’il est mignon ! Un morceau de papier dans ses langes. Holly Baker. La fille regarde autour d’elle. Pauvre enfant… Il y a un pendentif dans caché dans les replis. Un rubis.

Holly a deux ans. Elle court joyeusement autour de sa grande sœur adoptive. Celle-ci rit. Elle n’a jamais vu une enfant aussi pleine d’énergie, surtout à minuit passé. Ils sont en train de rentrer à la maison, après une longue et joyeuse fête. La petite s’arrête er regarde la pleine lune, admirative. Une étoile filante déchire le ciel. Holly ferme les yeux. Serre très fort son pendentif. Fais un vœu…

Holly a trois ans. Elle regarde avec curiosité le papillon qui s’est posé sur une fleur des prés. Il est très joli, ce papillon. Et Holly voudrait bien l’attraper. Mam’ (Comme elle l’appelle puisque ce n’est pas sa vraie mère, lui a-t-elle expliqué) a dit que les papillons aiment le pollen. Donc le miel. Comme les ours, d’ailleurs. Holly court chercher leur pot de miel et l’ouvre difficilement, tirant la langue. Ca y est. Elle repart vers la fleur et… le papillon s’est envolé. Holly a beaucoup pleuré. Tout en finissant le pot de miel.

Holly a cinq ans. Sa sœur adoptive est partie faire ses études très loin d’ici. Ses parents adoptifs travaillent beaucoup. Il n’y a personne pour jouer avec elle. Alors Holly s’ennuie. Elle s’incruste dans la forêt pour observer les animaux. Et les fleurs. Surtout les fleurs. Tout en serrant son pendentif de rubis.

Holly se recroqueville dans ses draps. Le soleil caresse doucement son visage pâle, créant des reflets dans ses cheveux. Elle n’a pas envie de se lever. Pas maintenant. Soudain, la porte claque.
Grande sœur balance sa tête à travers l’encadrement, l’air joyeuse. Grande sœur ! Holly repousse les couvertures et saute du lit. Que… Son anniversaire ! Mais oui ! Elle a complètement oublié ! Aujourd’hui, elle a sept ans !
Serrant la jeune femme dans ses bras, la petite fille la suit dans la cuisine, où se trouve le plus gros gâteau d’anniversaire qu’elle a jamais eût. Étrange. Mais, décidée à ne pas gâcher ce moment magique, Holly souffle avec joie ses bougies. […]
Ca y est. C’est fini. Sa peluche de chat soigneusement aplatie contre elle, Holly se couche. Elle ne le sait pas encore, mais cette merveilleuse journée est la dernière.

Un homme. Il s’est présenté quelques jours plus tôt à ses parents. Il a dit qu’il avait trouvé la vraie famille de Holly. Alors ils avaient décidé que le lendemain de son anniversaire, elle partirait.

Holly regarde la tête de l’homme. C’est décidé, elle ne l’aime pas. Elle ne lui fait pas confiance. Elle l’a dit à maman. Mais celle-ci lui a assuré que c’était un brave homme. Mouais. […]

Blaise mordilla gentiment l’oreille de sa compagne. Holly rit et se redressa. Le caressant doucement, elle admira le beau paysage. L’herbe folle lui chatouillait les pieds et les fleurs multicolores donnaient un air printanier à la plaine. Pourtant, c’était encore l’hiver. L’enfant regarda le soleil. A vue d’œil, il était presque midi. Mieux valait revenir avant que quelqu’un ne se rende compte qu’elle avait, une fois encore, chapé son cours de manipulation de pouvoir.

Holly caressa doucement son pendentif de rubis et se releva, Blaise dans les bras. Elle aurait bien aimé avoir le pouvoir de se téléporter. C’était simple, ça ne blessait personne e elle pourrait s’enfuir d’ici. Ou bien alors celui de créer des fleurs. C’était tellement joli ! Mais non, elle avait hérité du pouvoir le plus meurtrier de la planète. Ou presque. Mais en tout cas elle détestait cette école. Et ces scientifiques !

Évidemment, elle savait la chance qu’elle avait de ne pas être une « Étudiée ». Mais bon… Se faufilant sous la haie, elle arriva devant la cantine et se mêla au reste des élèves. Elle ne s’inquiétait pas vraiment de son absence, sa meilleure amie, Abigail, avait le pouvoir d’influencer les pensées des gens. Si elle affirmait donc à leur professeur que Holly était présente, celui-ci la croyait (après qu’elle ait légèrement manipulé son esprit).

En entrant dans la cantine, elle vit son amie lui faire les gros yeux. Holly sourit et haussa les épaules. Prit son repas. Commença à marcher. Un Eeluts passa entre ses jambes, la déséquilibrant. Holly tangua l’espace d’un court instant puis retomba sur le derrière. Un grand silence se fit, vite rompu par ses éclats de rire. Le reste des enfants se joignit peu à peu à sa joie, mas timidement, presque avec effarement.

Et, en effet, un surveillant arriva. L’air menaçant, il attrapa l’enfant par le bras et la redressa vivement. Il lui donna une serpillère et la força à nettoyer, ce qu’elle fit sans rechigner. Ou presque. De temps en temps, elle grommelait à haute voix que c’était de l’esclavagisme et qu’elle ferait mieux d’absorber leur âme, chose qui terrifiait les adultes.

Bien sûr, ils ne savaient pas qu’elle plaisantait. D’autant que lorsqu’elle absorbait une âme, son propriétaire restait vivant. Sans vivre. Vous suivez ? Eh bien en fait, c’est comme si elle dirigeait leur corps. Ils devenaient des marionnettes. Ou des zombies. Au choix. Bien sûr, peu importe le temps qui s’écoulait, elle en gardait le contrôle. Or, la première absorption qu’elle a effectuée a été sur un des gardes. C’est pourquoi elle s’enfuyait si facilement.

Néanmoins, étant donné qu’elle avait renversé son plateau, elle n’avait plus le droit de se servir. Abigail la fit donc asseoir à côté d’elle et lui donna la moitié de son repas, au grand soulagement de l’enfant. Elle réserva une petite partie pour Blaise étant donné qu’elle avait renversé sa gamelle également. Soudain, un bruit de porte qui claque retentit. Les élèves sursautèrent. La sous-directrice de l’école entra précipitamment dans la cantine et chercha de ses yeux fous quelque chose. Ou quelqu’un. Holly. Celle-ci soupira en se demandant ce qu’elle avait encore fait. […]

Holly regarda le plafond de la salle d’Étude. Elle tremblait. Peut-être qu’ils avaient fini par découvrir qu’elle n’était jamais venue à l’heure de cours du vieux ? Et qu’elle menaçait légèrement (à peine… ?) les surveillants ? Et qu’elle allait dans un champ de fleurs, chose incompréhensible pour la sous-directrice ? Rassemblant tout son courage, Holly regarda autour d’elle. Blaise était enfermé dans une cage. Il sembla soulagé quand il la vit réveillée. Réveillée ? Elle s’était donc endormie ?

Regardant pas la fenêtre, l’enfant vit la pleine lune se lever lentement dans le ciel noir. Un scientifique arriva, vérifiant des câbles et des machines en tout genre, sans prêter attention à elle. Holly ferma les yeux. Très fort. Elle vit des visages défiler devant elle. Un garçon. Yeux bleus. Cheveux roux foncés. Sourire malicieux. Grand frère ! Elle entendit des bruits de pas. Rouvrit les yeux.

La sous-directrice arrivait. Deux seringues à la main. Elle piqua d’abord Holly avec une bleue, sans ménagement. Elle se crispa, tout comme Blaise. Puis la femme repiqua au même endroit avec une verte. Holly serra les dents. Dieu que ça faisait mal ! La dame fit de même avec le chat puis posa quelque chose sur leur nez. Holly se sentit tomber…

Au matin, elle était dans son lit, sans aucun souvenir de la veille. Elle ne le savait pas mais les plats étaient soigneusement distribués entre les élèves. Pour augmenter leur pouvoir. Sans le vouloir, elle et Blaise avaient créé en eux un début de pouvoir semblable à celui d’Abigail. Chose impensable et donc vite remédiée par la sous-directrice. Holly bailla et regarda l’heure. Elle était en retard. Fermant les yeux, elle replongea sous la couette. Bah. C’était l’heure du cours du vieux. […]

Bienvenue (en r'tard ^^')